Depuis le 1er janvier 2024, les ports de l’Union européenne (UE) voient l’entrée en vigueur du système d’échange des quotas d’émission de carbone, dit ETS (Emissions Trading System), dont l’objectif est de désavantager les entreprises qui émettent du carbone au-delà d’un certain niveau, tout en avantageant celles qui sont dans le cas contraire.

Le dispositif ravit bien évidemment les défenseurs de l’environnement… mais pas certains opérateurs portuaires européens, notamment espagnols, qui estiment que leurs affaires vont être lésés et que les ports du Sud de la Méditerranée en profiteront en voyant le trafic maritime détourné vers eux, comme celui de Tanger Med au Maroc.

Dans des déclarations relayées ce mardi 2 janvier 2023 par l’agence espagnole Europa Press, le président de l’Autorité portuaire de la baie d’Algéciras (APBA), Gerardo Landaluce, a ainsi indiqué que si les ports européens soutenaient « à 100% » le Pacte vert pour l’Europe, qui vise à rendre le Vieux Continent climatiquement neutre à l’horizon 2050, ainsi que du package « Fit for 55 » , dont l’objectif est de réduire de 55% d’ici 2030 les émissions européennes de gazs à effet en comparaison avec celle de 1990, il n’en resterait pas moins qu’ils se trouveraient désormais en « position défavorable » , ce qui, par ailleurs, contredirait la stratégie commune de l’UE, qui requerrait « des ports puissants et actifs, et non une directive qui limite leur connectivité et leur compétitivité » .

Ainsi, mieux vaudrait, pour Gerardo Landaluce, qu’ETS ne commence à être appliqué que plus tard, le temps de le « perfectionner » , à ses dires.

Comment ? Gerardo Landaluce n’en pipe aucun mot, mais on peut comprendre que son souhait est que l’UE agisse de sorte à ce qu’ETS s’applique également au Sud de la Méditerranée. Depuis Algéciras même, les ports du Sud de l’Europe avaient à ce propos lancé, le 15 décembre 2023, un appel à « l’unité d’action » dans ce sens, où cet objectif d’étendre le système en dehors des frontières de l’UE avait été clairement affiché.

« La législation relative au ETS, telle qu’elle a été initialement créée, va entraîner certaines anomalies, provoquant le détournement de navires et de trafics vers des ports de pays tiers proches de l’UE, et par conséquent, la fuite de CO2 hors de l’espace européen » , avait alors argué Gerardo Landaluce lui-même.