Moins d’une semaine après le cri du coeur du ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, qui lors d’un point presse tenu le jeudi 21 décembre 2023 à Rabat avait mis en alerte par rapport à la situation critique de la disponibilité de l’eau dans le pays, son collègue de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, se retrousse les manches.

Par le biais d’une circulaire adressée ce mardi 26 décembre 2023 aux walis et gouverneurs, le responsable ministériel a mis en place un véritable plan de choc qui vise à limiter la casse et dont certaines dispositions sont, pour le moins, draconiennes.

Ainsi, vont être désormais totalement interdits les activités suivantes :

  • L’arrosage des espaces verts et des jardins publics.
  • Le nettoiement des voies et des places publiques par l’eau.
  • Le remplissage, plus d’une fois par an, des piscines publiques et privées.
  • Les cultures fortement consommatrices d’eau, point particulier sur lequel le ministère de l’Intérieur aura aussi à se concerter de façon plus approfondie avec celui de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts.

Mais il y a, avant toute chose, une identification claire et nette de la situation actuelle sur le terrain.

Pour ce faire, Abdelouafi Laftit a demandé à ses hommes de se réunir une fois par mois, lors de la première semaine de ce mois, avec les opérateurs de distribution d’eau. Objectif : pouvoir disposer d’une cartographie précise de la consommation d’eau sur l’ensemble du territoire national, en se basant sur le nombre de litres consommés par habitant.

À partir de là, quand les autorités se rendront compte que dans un endroit particulier la population serait par trop aquavore, les opérations suivantes pourront être engagées :

  • D’une part, des opérations de sensibilisation, avec recours aux contacts directs ou encore la distribution de brochures et de flyers. À ce propos, les associations locales pourront, du fait de la connaissance et de l’expertise dont elles disposent, être mobilisées.
  • D’autre part, le débit pourra être rationnalisé. La circulaire parle carrément de possibilité de coupure totale pendant certaines plages horaires, ce qui rejoint la menace proférée par Nizar Baraka devant les représentants des médias nationaux. En effet, ce dernier avait confié que seule l’inauguration des nouvelles autoroutes de l’eau, qui avaient permis de raccorder le Sud du pays à son Nord, beaucoup plus riche hydriquement, avait pu éviter cette mesure. Mais ce n’était donc que partie remise.

Et ce n’est pas tout. De façon également mensuelle, les représentants de l’autorité devront remonter à la Direction générale des affaires intérieures (DGAI), relevant du ministère de l’Intérieur, un rapport circonstancié avec toutes les mesures qu’ils auraient entreprises pour aider à parer à la situation de stress hydrique actuelle.

Enfin, il est aussi question d’actions à même d’aider à assurer davantage d’eau à la population, tout en en économisant aussi par ailleurs. Cela peut se traduire, concrètement, par ceci :

  • La réparation des fuites dans les canalisations des opérateurs de production et de distribution, en vue de lutter contre la déperdition inutile des ressources en eau.
  • La suppression des raccordements anarchiques et du piquage fait au niveau de certaines canalisations et conduites d’eau. À ce propos, les fraudeurs sont d’ores et déjà promis à une sévère répression.

Et sur un plan plus global, les actions suivantes sont également envisagées :

  • La réactivation des comités régionaux chargés du suivi du Programme national d’approvisionnement en eau potable et en eau d’irrigation, lancé en janvier 2020 par le roi Mohammed VI avec mise en oeuvre à l’horizon 2027, et l’accélération de la réalisation des projets dudit programme.
  • La préparation par les collectivités territoriales et leurs partenaires de programmes de recyclage des eaux usées.
  • L’alimentation en eau potable par des camions citernes des localités en souffrance.
  • L’aménagement des points d’eau pour l’abreuvement du cheptel dans les régions touchées.

Comme dirait l’autre : ça promet !