Bénéficiant d’un soutien actif de l’État par le biais de l’octroi de plus de 145.333 ha de foncier au titre de l’année fiscale 2023, le projet de production d’hydrogène vert du conglomérat ORNX Green Hydrogen à Boujdour voit déjà sa phase d’études avancer. C’est ce que détaille, dans son édition de ce lundi 25 décembre 2023, le quotidien « Le Matin » . Une information que révélait déjà le 9 octobre 2023 le journal électronique « Le Desk » , mais « Le Matin » donne un peu plus de détails sur ce qui est exactement en train de se tramer.

Ce que rappelle d’abord « Le Matin » , c’est que l’objectif d’ORNX Green Hydrogen est que son projet démarre aussi vite que 2028, voire au plus tard 2029. Les travaux d’aménagement, eux, sont prévus pour commencer dans un délai maximum de quatre ans, et à ce propos, il faut rappeler que la future plateforme doit également comprendre un parc éolien.

Une fois que la machine sera mise en branle, ORNX Green Hydrogen espère pouvoir produire plus de 100.000 tonnes d’hydrogène vert et 600.000 tonnes d’ammoniac vert. Des quantités pour qui la compagnie voit se développer un important marché international, notamment en Europe et en Asie.

Par rapport au Vieux Continent surtout, tout l’espoir d’ORNX Green Hydrogen est que son projet ait un « rôle clé » dans le futur réseau européen de pipelines d’hydrogène, Hydrogen Backbone (EHB).

« Le projet est idéalement positionné », a-t-on indiqué, à ce propos, au « Matin » .

Tableau idéal, en somme ? Pas tout-à-fait, car plusieurs problématiques technologiques sont à régler, justifiant d’ailleurs en grande partie l’importance des études en cours.

Première de ces problématiques, l’intermittence, qui est inhérente au domaine des énergies renouvelables, sur lesquelles se base la production d’hydrogène vert (d’où d’ailleurs son appellation de « vert » , car il est fait à partir d’énergie propre grâce à laquelle on soumet l’eau à de l’électrolyse pour séparer l’hydrogène qu’elle contient de l’oxygène).

En gros, le hic que pose les énergies renouvelables est qu’on ne peut pas compter sur elles tout le temps, du fait de conditions matérielles changeantes, bien qu’en l’espèce à Boujdour, ces conditions soient, justement, beaucoup moins « intermittentes » qu’ailleurs.

Comment ORNX Green Hydrogen escompte-t-elle surmonter ce défi ? D’après la source consultée par « Le Matin » , le groupe allemand de fabricants d’équipements d’origine (OEM) Nordex, qui est un des trois actionnaires du projet – avec l’Espagnol Acciona et l’Américain Ortus Climate Mitigation, va mettre toute son expertise dans la balance, ce qui semble, à ses yeux, un point très important en soi.

De plus, les producteurs d’électrolyseurs seront également mis à contribution afin de pouvoir adapter les équipements qu’ils fournissent au projet.

En somme, le grand objectif sera de « maximiser l’efficacité du processus de production » , et, on le comprend, des exercices d’optimisations sont dès maintenant menés.

Notons aussi qu’ORNX Green Hydrogen compte grandement s’appuyer sur son système de stockage d’électricité excédentaire, au cas où son approvisionnement en énergies renouvelables viendrait à être menacé.

En plus de l’intermittence, un deuxième défi se pose également pour le projet d’ORNX Green Hydrogen, à savoir celui de la technologie à utiliser. Le PEM ou l’alcalin ? En résumé :

  • Le PEM (Proton Exchange Membrane) : il s’agit d’une méthode moderne qui utilise une sorte de filtre – une membrane échangeuse de protons, plus spécifiquement – pour produire de l’hydrogène. Elle est rapide et produit de l’hydrogène très pur, mais elle est aussi généralement plus coûteuse.
  • L’alcalin : plus traditionnelle, elle utilise une solution liquide pour produire de l’hydrogène. Elle est bien établie et moins chère, mais elle est généralement plus lente et moins efficace que la méthode PEM.

Ce que l’on comprend à partir de l’article du « Matin » , c’est que le choix de la technologie n’a pas encore été arrêté, et celui-ci serait, en outre, conditionné par « la rapide évolution technologique » , qui, explique-t-on, « impose d’intégrer une veille technologique continue dans les procédures internes de la société, et ce afin de s’assurer que le projet soit équipé des « meilleures » solutions disponibles » . Il faudra donc, grosso modo, attendre pour voir.

Enfin, autre point brièvement abordé par l’article du « Matin » , celui du financement. Par rapport à ce point, on le sait, l’enveloppe prévue est de 73,5 milliards de DH (MMDH), ce qui n’est pas rien, loin s’en faut. À ce propos, un endettement aussi bien local qu’international semble prévu, et il s’ajouterait aux fonds propres apportés par les actionnaires du projet, qui, ainsi, s’épargneraient certains risques dûs au projet.