La tenue, le vendredi 22 décembre 2023 à Rabat, du dernier conseil d’administration de l’Office national des chemins de fer (ONCF) sous la présidence du ministre du Transport et de la Logistique, Mohammed Abdeljalil, a été l’occasion pour les dirigeants de l’établissement de réitérer leur intention de lancer, au cours de l’année 2024, un nouveau cycle de développement, en vue notamment de la Coupe du monde de football qu’accueille en 2030 le Maroc avec l’Espagne et le Portugal.

Ainsi, le directeur général de l’ONCF, Mohamed Rabie Khlie, a indiqué que plusieurs projets structurants sont dans le pipe, avec comme but affiché de renforcer le positionnement du rail comme « épine dorsale » de la mobilité dans le pays, selon ce qu’a rapporté le communiqué publié dans la foulée. S’il n’a pas donné plus de détails, on peut comprendre qu’il fait notamment référence au projet d’extension de la ligne à grande vitesse (LGV) à Marrakech, voire Agadir, mais aussi les connexions portuaires au niveau de Nador West Med et de Safi. Selon des informations obtenues par « Couscous Tech » auprès du management de l’ONCF, le nouveau projet de contrat-programme avec l’État est actuellement en cours de finalisation.

Aussi, autre point sur lequel le communiqué de l’ONCF ne s’est pas attardé : celui des montants exacts qui vont être engagés. À ce propos, l’on sait du rapport sur les établissements et entreprises publics publié par le ministère de l’Économie et des Finances dans le cadre du projet de loi des finances (PLF) 2024, finalement adopté le 8 décembre 2023 par le Parlement, que ce sont 12,385 milliards de dirhams (MMDH) qui vont être mobilisés sur trois ans, répartis entre 4,771 MMDH en 2024, 3,789 MMDH en 2025 et 3,825 MMDH en 2026. Des sommes qui doivent essentiellement servir à l’acquisition de nouveau matériel roulant : dans un communiqué publié le 13 novembre 2023, l’ONCF avait notamment parlé d’acheter 150 trains pour les services intervilles, trains navettes rapides et métropolitains, et 18 trains à grande vitesse (TGV) pour les futures extensions.

L’ONCF avait toutefois avancé une enveloppe totale de 16 MMDH, mais il semble que l’État envisage de réduire légèrement la facture via la construction de la future unité industrielle de fabrication ainsi que le développement d’un écosystème ferroviaire, de fournisseurs et sous-traitants avec une ambition à l’export, identique à ce qui a été réalisé dans les industries automobiles et aéronautiques. Les pouvoirs publics aspirent, ainsi, ouvertement à un taux d’intégration de minimum 60%.

Enfin, l’ONCF croit aussi aux potentialités que semble pouvoir offrir la promesse d’investissement émirati, actée par le biais du mémorandum d’entente signé par Mohamed Rabie Khlie lui-même à l’occasion de la visite du roi Mohammed VI à Abou Dabi les 4 et 5 décembre 2023. Dans l’allocution qu’il a donnée au cours du conseil d’administration de l’Office, Mohamed Rabie Khlie en a parlé comme du moment phare de l’année 2023 pour l’ONCF.

Notons que selon les prévisions de clôture pour 2023, l’ONCF aura réalisé 87% des investissements prévus, à hauteur de 1,989 MMDH. C’est 40 points de mieux que l’année précédente, où ce taux n’avait pas dépassé les 47% en raison de l’inflation observée à tous les niveaux au Maroc. Mais cela veut dire aussi qu’il faudra nécessairement une bonne santé financière pour mener tous les projets à bout, et surtout pour que cela soit fait dans les temps.

L’ONCF peut néanmoins s’enorgueillir d’être désormais complètement remis sur les « rails » après une période difficile due notamment à la Covid-19. Pour 2024, il table sur un chiffre d’affaires de près de 4,6 MMDH, en hausse de 7% par rapport à 2023, et un EBITDA prévisionnel (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) de 1,6 MMDH également en amélioration, avec notamment en point de mire l’objectif d’atteindre 56 millions de passagers en 2024 (contre 52,2 en 2023), et un tonnage marchandises de près de 20 millions de tonnes (contre 17 millions en 2023).