Au cours de son passage du lundi 25 décembre 2023 à la Chambre des représentants, le ministre du Transport et de la Logistique, Mohammed Abdeljalil, a confirmé, en réponse à une question du député (Union socialiste des forces populaires) Mohamed Malal, les difficultés que rencontre la compagnie maritime nationale Intershipping, que d’aucuns disent même en risque de faillite. Il a même parlé de manquements à ses responsabilités de la part de cette dernière, que l’État avait chargé d’assurer le transport des passagers entre, d’une part, Tanger, et d’autre part Algésiras et Tarifa en Espagne.

Ce qui pose la question par rapport au futur du transport maritime battant pavillon marocain, où seul continue encore d’opérer la compagnie Africa Morocco Link (AML).

Avec surtout les ambitions revigorées du Maroc de repartir à la conquête des océans à la suite du dernier discours de la Marche verte du 6 novembre 2023 du roi Mohammed VI, faudrait-il éventuellement envisager de lancer de nouvelles compagnies, faute de pouvoir sauver Intershipping (qui doit notamment rembourser des millions d’arriérés d’impôt) ? Et en même temps, quelle leçon justement tirer de l’épisode Intershipping, dont il faut rappeler qu’elle avait été lancée en août 2012 dans la foulée de la disparition de Comarit, Comanav et IMTC ?

De toute évidence, l’on est en présence d’un problème de fond ancré dans le temps.

En parallèle, un marché existe déjà dont tirent majoritairement profit les compagnies étrangères, ce qui fait qu’il y a un véritable manque à gagner pour le Maroc et son secteur du transport maritime.

Au cours de l’été, les compagnies maritimes transportent en moyenne 30.000 passagers depuis et vers l’Europe, et sur ce chiffre, Intershipping, AML et même la filiale marocaine de l’Allemand FRS si l’on veut également la comptabiliser n’ont, toutes ensemble, les moyens de prendre en charge qu’un sixième de ce trafic (elles disposent, en tout et pour tout, de six navires).

Le lancement d’un nouveau chantier à ce niveau intervient donc avec d’autant plus d’urgence désormais.