Rendu public le 20 décembre 2023, le dernier rapport de l’ONG britannique Oxford Insights sur l’indice de l’aptitude des gouvernements du monde à l’intelligence artificielle (Government AI Readiness Index) continue de susciter de nombreux commentaires dans les médias, y compris ceux du Maroc, qui pour cette année 2023 a perdu une place au classement mondial. Quatre-vingt-septième en 2022, il est désormais 88ème.

Certes, le score global du Maroc a, d’un exercice à l’autre, évolué. Il est désormais de 43,34 sur 100, contrairement à 2022, où il n’était que de 41,31. C’est une progression de deux points, au total. Mais c’est tout de même bien en dessous de la moyenne. Et quand on y regarde de plus près, on se rend à l’évidence qu’on demeure encore loin du compte.

Ainsi, ce n’est que sur le pilier « données et infrastructures », un des trois retenus par Oxford Insights pour réaliser son classement, que le Maroc sort la tête de l’eau, avec une note de 56,79. Sur le plan arabe, on ne voit mieux que dans le Golfe (moyenne de 72,95) et en Jordanie (62,36).

Mais sur les piliers « gouvernement » et « secteurs technologiques », le Maroc reste clairement à la traîne, avec respectivement 37,54 et 35,69 sur 100. Que représente en fait exactement ces pilliers ?

  • Gouvernement : pour Oxford Insights, cela a trait aux questions de vision stratégique pour le développement et la gouvernance de l’intelligence artificielle, à soutenir forcément par une réglementation appropriée et une attention particulière aux risques éthiques, en plus d’une solide capacité digitale interne qui inclut les compétences et pratiques nécessaires pour s’adapter face aux nouvelles technologies.
  • Secteurs technologiques : Oxford Insights cite (1) le fait qu’il faille un bon approvisionnement en outils d’intelligence artificielle provenant du secteur technologique du pays, qui doit être suffisamment mature pour fournir ces outils au gouvernement, ainsi que (2) le fait que ce secteur doive avoir une grande capacité d’innovation, soutenue par un environnement commercial favorable à l’entrepreneuriat et par un bon flux de dépenses en R&D, et, enfin, (3) de bons niveaux de capital humain.

En somme, le Maroc a bien encore du chemin à faire sur ces deux pilliers.

Dans le monde arabe, les pays qu’Oxford Insights a le plus mis en avant dans son rapport sont l’Égypte, dont le gouvernement s’est fendu au cours de cette année 2023 d’une Charte pour une intelligence artificielle responsable, ainsi que l’Arabie saoudite, auteur au mois de septembre d’une initiative similaire – « Principes d’éthique de l’IA » – et qui, par ailleurs, commence à sérieusement concurrencer le leader incontesté de la région, à savoir les Émirats arabes unis (18ème mondial dans l’indice d’Oxford Insights).

Le Maroc, lui, avait exprimé le 23 octobre 2023, par le biais de la ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme administrative, Ghita Mezzour, sa volonté « d’utiliser et de développer de manière responsable l’intelligence artificielle dans un cadre éthique » . Reste donc à ce que cela suivi par des actions plus concrètes.