Le 6 novembre 2023, à l’occasion de son discours annuel de la Marche verte, le roi Mohammed VI avait entre autres mis sur la table l’idée d' »une initiative à l’échelle internationale » visant à « favoriser l’accès des États du Sahel à l’océan Atlantique ». Objectif : que ces États puissent « résoudre les difficultés et les problèmes auxquels [ils] se trouvent confrontés » par le biais d' »une approche de coopération et de développement commun » et non une « solution (…) exclusivement sécuritaire ou militaire ».

Un peu plus d’un mois et demi plus tard, ces paroles royales se trouvent d’ores et déjà suivi d’effet, avec la tenue ce samedi 23 décembre 2023 à Marrakech d’une réunion ministérielle de coordination sur l’initiative du souverain. Seront, à cette occasion, présents les chefs des diplomaties des quatre États du Sahel qui n’ont pas accès à l’Atlantique, à savoir le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad, tous conviés dans la ville ocre à l’invitation de leur homologue marocain, Nasser Bourita.

Dans le communiqué qu’il a publié ce 22 décembre 2023, le ministère des Affaires étrangères n’a pas donné plus de détails sur le déroulement exact de la réunion. La diplomatie malienne a, en revanche, été plus diserte, dans la mesure où dans une publication sur les réseaux sociaux, elle a révélé que l’événement « servira de cadre d’échange pour examiner les modalités de mise à niveau et d’interconnexion des infrastructures de transport et de communication afin de renforcer l’intégration régionale, d’opérer une transformation structurelle des économies et d’améliorer les conditions de vie des populations ».

« En marge de cette rencontre, plusieurs activités importantes sont inscrites dans l’agenda diplomatique du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale [du Mali], y compris des consultations politiques de haut niveau avec les autorités du Maroc », a poursuivi la même source.

En tout cas, la réunion devrait sans doute être très suivie en Algérie, où l’activisme diplomatique du Maroc au Sahel semble perçu avec une très forte suspicion. Intervenant, en octobre 2020, au ministère de la Défense nationale algérien, le président Abdelmadjid Tebboune avait carrément accusé « des parties qui n’ont même pas de frontières avec le Mali » de « manœuvr[er] » et de « conspir[er] », en faisant très clairement référence au Royaume. À l’époque, Rabat avait de façon très prononcée distancé la voisine de l’Est auprès de la junte malienne conduite depuis août 2020 par le colonel Assimi Goïta, en étant la toute première capitale à prendre son attache, tandis que la diplomatie algérienne avait, elle, par la voix de son chef d’alors, Sabri Boukadoum, ouvertement condamné le putsch qui lui avait permis de prendre le pouvoir au détriment du président Ibrahim Boubacar Keïta. Et le moins que l’on puisse dire est que les choses ne se sont pas tellement arrangées depuis lors entre l’Algérie et le Mali, comme l’illustre la nouvelle crise qui les oppose depuis ce mercredi 20 décembre 2023 en raison de l’appui algérien aux indépendantistes touaregs dans le Nord-Mali.